Dear Jane
Les vacances se terminent... du moins pour moi ! Demain, je reprends le chemin du bureau.
Les filles sont parties toutes les deux pour leur dernière tranche de vacances estivales, chacune avec "leurs" grands-parents , chacune dans un coin du Sud. La maison semble bien vide, bien silencieuse, sans l'Aînée ado "dans sa grotte", sans les paillements incessants de la Cadette.
Alors pour ne pas basculer trop dans la nostalgie de la page qui se tourne, dans le syndrôme dimanche soir, je me replonge dans LE projet fou...
Voila longtemps que ce livre était dans ma bibliothèque loisirs... presque 10 ans que je l'avais acquis, à une époque où je trouvais encore le temps de pousser l'aiguille par-ci par-là.
Pendant ces vacances, j'ai eu envie de trouver à nouveau une respiration dans cette activié que j'affectionnais : le patchwork. Et fouillant mes cartons à la recherche d'un ouvrage en cours (que je n'ai d'ailleurs toujours pas retrouvé...) je suis retombée sur ce livre, ouvert maintes et maintes fois aux premières pages mais jamais consulté vraiment jusqu'au bout... Et je me suis dit : pourquoi pas cette année ? J'ai donc sorti le livre, du calque, un crayon et un sac de chutes gardé pour cet ouvrage. J'ai commencé la reproduction du premier bloc, puis du deuxième. Et j'ai senti la fièvre revenir.
Pour celles qui ne connaîtraient pas, ce patchwork est un sampler, réalisé par une fermière, Jane A. Blakely Stickle dans le Vermont (U.S.A.) à partir de 1863 pendant la guerre de sécession. Pour l'époque, cet ouvrage est plutôt original, très moderne, voire avant-gardiste... il n'est en effet pas composé que des blocs traditionnels utilisés couramment et habituellement, mais aussi de ce qui semblent être des créations de Jane.
Il a été rendu populaire par Brenda Manges Papadakis, professeur de mathématiques et passionnée de patchwork. Elle raconte qu'elle a été immédiatement fascinée, en découvrant ce sampler historique dans un livre. Littéralement hyptonisée par la géométrie à la fois complexe et si évidente des différents blocs, elle s'est alors attachée à le décrypter et à en reproduire le dessin, bloc par bloc. Elle a ensuite écrit un livre, où elle présente à la fois le dessin des blocs, ce qu'elle a appris de l'histoire de Jane et la correspondance virtuelle qu'elle a entretenue avec elle... Dear Jane : le livre -présenté ci-dessus- est très vite devenu une référence, déclenchant une vague de reproductions et interprétations de tout ou partie de cet ouvrage exceptionnel... (ce que Mme Papadakis appelle des "Baby Jane", expression aujourd'hui déposée).
Pas moins de 5602 pièces de tissus sont réunies pour former les 169 carrés et 108 triangles qui le composent. Les carrés mesurent 11,5cm de côté. Cela laisse imaginer la taille de certaines des pièces à assembler ! Il est possible de réaliser cet ouvrage de différentes façons : à la machine, voire en paper piecing, mais j'ai préféré l'entreprendre "à l'ancienne", à la façon de Jane, à la main. J'avoue : c'est typiquement CE type de travail qui me plaît.
La minutie demandée par la taille des pièces, la lenteur du travail, la patience à accorder au déroulement (pas moins de 2 ans en moyenne sont annoncés pour sa réalisation à la main), tout ceci contraste avec notre mode de vie, notre monde actuels... si vifs, si pressés et oppressants.
Avec ce travail tout en lenteur, tout en soin du détail, j'ai l'impression de faire une pause hors du temps, hors de l'agitation et cela m'apaise.
J'ai découvert -et peut-être faut-il y voir un signe ?- que nous sommes d'ailleurs dans l'année du 150ème anniversaire de ce célèbre sampler.
A bientôt pour la découverte (et le suivi) de mes avancées sur cet ouvrage...